Campagne de vaccination gratuite de masse contre la rage : le Gabon poursuit ses efforts pour éradiquer la maladie d’ici 2030
Par Cadette Ondo Eyi
Le 12 décembre 2024, le ministre en charge de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche, Jonathan Ignoumba, a procédé au lancement officiel de la troisième édition de la campagne de vaccination gratuite de masse contre la rage, en collaboration avec les ministères de la Santé, ainsi que des Eaux, des Forêts et de la Mer. La cérémonie s’est déroulée au siège de la direction générale de l’Élevage, situé à Rio, dans le troisième arrondissement de Libreville, en présence de nombreuses personnalités gouvernementales et des représentants d’institutions internationales, ainsi que certains responsables administratifs.
Cet événement marque une nouvelle étape dans les efforts déployés par les autorités gabonaises pour lutter contre la rage, une maladie virale redoutable qui touche aussi bien les animaux que l’Homme. Lors de cette cérémonie, la direction générale de l’Élevage a réceptionné un lot de 3000 doses de vaccin antirabique. Un don offert par la société marocaine Biopharma, spécialisée dans la production biologique et pharmaceutique. Ce don s’inscrit dans le cadre d’un partenariat Sud-Sud visant à renforcer la coopération entre les pays du continent africain en matière de santé animale.
Le vaccin antirabique, qui est administré principalement aux chiens, chats, chevaux, ainsi qu’aux ruminants tels que les ovins, les caprins et les bovins, permet d’immuniser ces animaux dès l’âge de trois mois révolus. Une seule dose est suffisante pour conférer une protection d’une durée d’un an. La quantité administrée varie en fonction de l’espèce : 1 ml pour les carnivores (chiens et chats), et 2 ml pour les grands animaux comme les chevaux et les bovins.
La rage est une zoonose particulièrement dangereuse, car elle peut être transmise à l’Homme par les morsures, griffures ou léchages d’animaux infectés. Selon Jonathan Ignoumba, la maladie est souvent négligée, notamment en raison de son diagnostic tardif, ce qui contribue à la perte de nombreuses vies humaines. La vaccination des animaux domestiques et de ferme représente donc une stratégie essentielle pour lutter contre cette maladie, qui est quasiment toujours fatale une fois que les symptômes se manifestent.
Le ministre a rappelé que cette nouvelle édition de la campagne débute dans le Grand Libreville avant de s’étendre progressivement à l’intérieur du pays. Cinq sites sont actuellement disponibles pour des vaccinations à savoir la direction générale de l’Élevage à Rio, le rond-point de Nzeng-Ayong, le rond-point du pk12, le rond-point de la cité des ailes et à Owendo à l’ancienne mairie. Il a également exprimé ses remerciements à tous les partenaires impliqués dans ce projet, soulignant l’importance de leur engagement pour la réussite de cette noble cause.
La campagne de vaccination contre la rage s’inscrit dans un plan stratégique plus large visant à éradiquer cette maladie. « Tous les pays du monde se sont engagés dans cette dynamique, et nous visons l’éradication de la rage d’ici 2030 », a déclaré Morgan Bignoumba, médecin vétérinaire et directeur général adjoint de l’Élevage, également délégué du Gabon auprès de l’Organisation mondiale de la Santé animale (OMSA). Cependant, en raison du retard pris dans l’exécution de ces efforts, il a précisé que l’horizon de 2030 pourrait être dépassée, et prolongée jusqu’en 2035.
Pour ce qui est de la prise en charge des victimes de morsures d’animaux, les protocoles sont clairement définis. Les personnes mordues doivent être immédiatement dirigées vers le centre de santé de Nzeng-Ayong, qui est habilité à gérer ces cas spécifiques. Quant aux animaux suspects, ils sont conduits au laboratoire de la direction générale de l’Élevage, où ils sont soumis à une période d’observation de vingt et un jours. Pendant cette période, plusieurs contrôles sont effectués pour déterminer si l’animal présente des symptômes de la rage. Si aucune symptomatologie n’apparaît au terme de cette observation, un vaccin est administré à l’animal pour éviter toute contamination ultérieure.
Il convient également de noter que la législation gabonaise en matière de gestion des animaux domestiques reste largement obsolète, notamment en ce qui concerne les conditions d’acquisition et de garde. À titre d’exemple, les laborantins ont cité l’Australie, un pays où la législation en matière d’entrées d’animaux domestiques est d’une rigueur absolue. En Australie, aucune entrée d’animal n’est autorisée sans qu’il ne soit né sur le sol australien, afin de prévenir les risques sanitaires. En revanche, au Gabon, la direction générale de l’Élevage est la seule institution habilitée à autoriser l’entrée d’animaux domestiques, ce qui soulève des interrogations quant à la pertinence et l’efficacité des normes en vigueur. À l’heure actuelle, alors que des réformes institutionnelles sont en cours, il est impératif que les autorités de la Transition accordent une attention particulière à cette question de santé publique, qui revêt une importance capitale pour la sécurité sanitaire du pays.
Cette campagne de vaccination gratuite contre la rage est un pas important vers la protection des populations gabonaises et de leurs animaux. Elle s’inscrit dans un engagement global visant à éradiquer cette maladie dévastatrice, avec un objectif d’éradication d’ici 2030, même si ce délai pourrait être étendu en fonction des progrès réalisés.
Laisser un commentaire