Ludovic Megne Ndong : Un ministre à contre-courant des directives présidentielles ?

Le 10 décembre 2024, une réunion capitale s’est tenue à Itambi Yoko, au domicile de sieur Tengue Alexandre, entre les représentants du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), les résidents du village Itambi Yoko, les responsables du collectif local, et des émissaires de l’Hôtel de Ville d’Akanda. Cette rencontre, inscrite dans la dynamique de dialogue prônée par le chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema, visait à clarifier les projets de développement dans la zone Nord-plage des 9 provinces et à assurer l’intégration des populations concernées dans ces initiatives.

Au cours des échanges, le chef de cabinet du Président de la Transition a rappelé la vision inclusive du Chef de l’État. En effet, ce dernier insiste sur le développement harmonieux et sur la préservation de la dignité des populations, tout en soulignant l’importance du patriotisme pour soutenir les projets d’intérêt national. Plusieurs engagements ont été pris pour répondre aux préoccupations des habitants, notamment :

  • Recensements et indemnisations : un inventaire exhaustif sera réalisé pour identifier les personnes et les biens concernés, avec des indemnisations prenant diverses formes (foncier, montants forfaitaires, parcelles vides).
  • Respect des habitations : seules les structures situées directement sur le tracé de la route seraient concernées par des démolitions.
  • Amélioration du cadre de vie : les projets incluent la construction de logements modernes, d’infrastructures publiques (écoles, hôpitaux, administrations) et la valorisation des terres locales grâce au développement routier.

Ces orientations présidentielles visaient à rassurer les populations sur leur inclusion dans les projets, tout en appelant à des sacrifices nécessaires pour le développement national.

Cependant, les déclarations du ministre de l’Habitat, Ludovic Megne Ndong, ont semé le trouble et mis en exergue un désaccord apparent avec les directives présidentielles. Lors d’une prise de parole publique, le ministre a tenu des propos tranchés, qualifiant les populations locales d’« inciviques » et annonçant que les démolitions ne seraient accompagnées d’aucune indemnisation.

Ce positionnement, en contradiction flagrante avec les engagements de dialogue et de protection affichés par le chef de l’État, a fait naître des interrogations. Pourquoi un membre du gouvernement irait-il à l’encontre des décisions du CTRI, portées par le président Brice Clotaire Oligui Nguema lui-même ?

Cette sortie du ministre de l’Habitat risque de raviver les tensions dans une zone déjà marquée par des inquiétudes liées à l’expropriation et aux déplacements forcés. Alors que le chef de l’État appelle à un patriotisme basé sur l’équité et l’honnêteté, les propos de Ludovic Megne Ndong, perçus comme brutaux et unilatéraux, pourraient éroder la confiance des populations envers les nouvelles autorités.

Le contraste est d’autant plus saisissant que la réunion d’Itambi Yoko a posé les bases d’un dialogue constructif et harmonieux, visant à instaurer un climat de sérénité dans l’exécution des projets. En dénonçant l’incivisme des populations et en annonçant l’absence d’indemnisation, le ministre semble remettre en question ces efforts.

Certains observateurs se demandent si cette posture du ministre relève d’un choix politique assumé ou d’une stratégie personnelle. Quelles que soient les motivations, cette dissonance entre les engagements présidentiels et les déclarations ministérielles interpelle. Elle pose également la question de la cohésion au sein de l’équipe gouvernementale et de la capacité des autorités à parler d’une seule voix sur des projets cruciaux pour le développement du pays.

Face à cette situation, une clarification s’impose. Le Chef de l’État devra-t-il intervenir pour recadrer un ministre dont les prises de position pourraient contredire sa vision ? Les populations, elles, attendent des actes cohérents et des engagements respectés pour préserver la confiance et garantir un développement inclusif et durable.

Dans l’attente de réponses, la position du ministre de l’Habitat soulève une problématique centrale : le respect des orientations présidentielles dans la mise en œuvre des politiques publiques. Une question qui pourrait devenir un enjeu majeur dans la gestion de la Transition.

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1 commentaire

comments user
Jkr

Il n’y a pas de ministre de l’habitat depuis Omar BONGO.
Faites un tour dans les directions générales de ce ministère, aucune activité apparente et ça depuis plus de 15 ans.
A l’arrivée de CTRI on pensait voir un changement hélas rien à l’horizon.
Comment un tel ministère fait pour se retrouver sans activité alors que l’urbanisation en terre gabonaise reste un grand problème ?

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